Ma pratique s’ancre dans une réflexion autour de l’architecture et de l’objet architecturé, envisagés non pas comme des formes abouties, mais comme des structures en devenir. Ce qui m’intéresse particulièrement, c’est la phase d’étude : le moment où les projets se construisent dans la pensée, dans l’esquisse, dans la maquette.
 
Je développe un travail qui s’appuie sur l’abstraction géométrique et libre, à travers des volumes qui évoquent des fragments d’espaces bâtis, des formes qui pourraient appartenir à une architecture en train de se faire. La maquette occupe une place centrale dans ma démarche : elle devient un objet autonome, non plus outil de représentation, mais espace plastique d’expérimentation, où le rapport à la construction, à l’équilibre, à la matière prend tout son sens.
 
Mon rapport à l’architecture s’est construit très tôt, notamment à travers les souvenirs de mes vacances passées chez mes grands-parents au bord de la mer Noire. Les abris de bus de l’ère soviétique, que je voyais sur le bord des routes, ont laissé une empreinte durable dans mon regard : des formes étranges, hybrides, parfois monumentales, souvent isolées, entre fonctionnalité et poésie. Ils ont éveillé chez moi une fascination pour les structures simples mais marquées, qui racontent un lieu, un contexte, une époque.
 
Mon travail se situe ainsi dans un va-et-vient entre recherche formelle, mémoire personnelle et construction plastique, avec le désir de créer des formes abstraites qui évoquent des architectures oubliées, inachevées ou imaginaires.
 
La surface céramique, avec ses potentialités infinies de texture, de relief et de matière, devient le terrain privilégié de mes recherches. Elle me permet d'explorer l'abstraction dans une dimension à la fois tactile et sculpturale, donnant corps à des fragments de ville imaginées ou recomposées.